Bouddha : de la naissance à la souffrance
D'après les textes et les légendes, Bouddha est un prince du nom de Siddhart Gautama, il est né à Lumbini dans la région du Népal (Nord de l'Inde) en -VIème siècle, il est le fils du roi Shuddhodana du clan des Sakya issu de la caste des khastriva (nobles guerriers). Sa mère Mayadevi aux cheveux d'or était d'une tendresse infinie. Une nuit dormant aux côtés de son roi, elle fit un étrange songe dans lequel apparaissait une étoile rose à six branches. Dans son rêve, Mayadevi se rapprochait progressivement de cet astre qui abritait au centre un éléphant blanc à 6 défenses. L'étoile se fondit dans son sein gauche et la reine perçu comme un bonheur infini que connaissent les futures mères. Cette joie incommensurable de la reine se fit sentir jusque dans l'espace infini, les collines, les forêts et les profondeurs des océans. Puis, une voix s'éleva encore pour annoncer la venue de Bouddha comme signe d'espérance...Lors de l'accouchement, la reine avait conçu le futur Bouddha dans un bois de l'enceinte royale, emportée par la douleur de la mise au monde d'un nourrisson. A l'ombre d'un palsa, la reine agrippée au tronc et soutenant des branches que les dieux avaient penchées pour elle mis au monde le prince Siddhart Gautama. On raconte que le prince de Lumbini au front bombé était déjà grand et fort, il est venu au monde avec les signes du grand homme sauveur du monde et sage absolu (32 signes principaux et 80 signes secondaires) aurait marché sept pas aux quatre points cardinaux et rugit comme un lion.
Avec un esprit vif, il était curieux et avait déjà acquis par miracle tous les enseignements qu'il devait apprendre à la cour du palais. Le prince Siddhart aimait méditer pendant des heures, ce qui par ailleurs inquiétait son père et ses professeurs.
Une anecdote relatant le tir à l'arc de son cousin Devadatta sur un cygne marqua le jeune Siddhart Gautama qui s'empressa de lui prodiguer des soins. L'oiseau étalé sur le gazon avec l'aile blessée n'attendait plus que l'on l'achève. Le jeune prince soigna avec du miel et et des feuilles la blessure du cygne et protesta devant son cousin et l'assemblée réunie pour départager à qui était la proie. Il livra les paroles disant que nulle arme ne pouvait affronter sa pitié, que cet oiseau blessé comme des milliers d'êtres étaient sous sa protection, car le prince serait l'interprète des douleurs muettes et le prédicateur de la compassion !
La compréhension par le jeune prince du malheur de l'humanité va marquer un déclin dans sa vie : lui qui est à l'abri de la misère, de la faim ou encore de certaines maladies s'est rendu vite compte que malgré cette situation des plus favorables, il n'échappera pas à la mort, à la tristesse, aux souffrances de ce monde. Sa quête de la vérité sur la libération des souffrances commence lorsqu'il décide de quitter le palais de Shuddhodana. Une première anecdote raconte que le jeune prince est confronté à la tentation de laquelle il se détourne. Puis arrivé dans un bois non loin du palais de son père, il se dépouille de ses habits princiers, se coupe les cheveux et part en quête de la vérité des souffrances du monde en tenue de mendiant. À partir de ce moment, le prince Siddhart Gautama devient le solitaire Sakya (Shakyamuni) et se dirige vers Vaisali..
Jatakas ou légendes et anecdotes : du prince à Bouddha
Arrivé à pied dans la ville de Vaisali, Shakymuni décide de suivre les enseignements du maître Arata kalama qu'il juge insuffisant pour répondre à ses questions sur l'origine de la souffrance humaine. Il repartit en direction de Magadha et découvrir l'école du maître Rudraka. D'autre part, le dignitaire des lieux Bimbisara né en même temps que le prince de Lumbini lui offrit de partager le trône, mais Shakyamuni refusa. Skakyamuni a donc été peu influencé par l'enseignement d'autres maîtres si ce n'est celui de Mahavira, fondateur du jaïnisme (une anecdote raconte que l'un des disciples de ce maître se nomme bien Gotama).Lassé de ces enseignements qui n'ont pas de réponses à ses questions, le prince de Lumbini se retire vers une contrée déserte proche du mont Gaya. Pendant six années, le prince méconnaissable adopte une vie d'ascète avec une privation extrême (mortification), il s'astreint à manger et en tombe malade (il est accompagné de 5 disciples). Cette vie lui valut le nom de Sramana Gautama (ascète Gautama). L'objectif du prince est de découvrir la vérité sur l'origine des malheurs et de la souffrance, il abandonna cette voie de la privation contraint de sa maladie et de son état pitoyable et dût se résoudre à se nourrir. C'est en effet par la générosité d'une femme du village d'Ourouvilva au bord de la Nairandjana que l'ascète put reprendre force avec de la soupe au lait et au miel. Se sentant trahi par leur maître, les 5 fidèles ascètes l'abandonnèrent, tandis que Gautama trouvant le réconfort prit un bain et retrouva ses couleurs.
- attaques du dieu de la mort Mara :
- torrents, pluies et orages ;
- horde de démons ;
- nymphes séductrices filles de Mara.
Au milieu de la nuit, le Bodhisattva Gautama imperturbable atteint la Bodhi avec 3 niveaux de connaissances : les existences antérieures, l'œil divin pour vaincre le désir et l'enchaînement des 12 causes connexes. Après l'atteinte de l'éveil, Bouddha demeure encore 7 semaines à méditer sous l'arbre de la bodhi et d'autres arbres (arbre du chevrier Nyagrodha, arbre Tarayana). Les légendes merveilleuses sur Bouddha racontent que ce dernier fut protégé des intempéries par les 7 têtes des serpents nagas, de la faim par la possession du Nirvana et de la nourriture introduites par les dieux. Au bout de ces sept semaines de méditation, Bouddha rencontra 2 marchands qui lui offrirent de la nourriture, en échange Bouddha leur donna des mèches de ses cheveux qui brillaient dans les airs. Impressionnés par le spectacle, les marchands prirent soin de bien ranger ces reliquaires pour les présenter à leur roi... (Dans le bouddhisme, cette anecdote correspond à l'édification en Birmanie de la pagode Schwedagon phra).
Après ses longues semaines de méditation, Bouddha Gautama décida de partager ses connaissances sur la vérité ultime, de prêcher cette loi d'abord auprès de ses 5 disciples. C'est la légende sur le premier sermon de Bénarès au parc des Gazelles dans la ville de Vanarasi. Ce sermon est à la base de l'enseignement de bouddha et représente les Quatre Nobles vérités (existence de la douleur, cause de cette souffrance, destruction de la cause de la souffrance et la voie du milieu à huit branches qui met un terme à la cause de la douleur). La misère de l'homme au cours de la vie terrestre commence dès sa naissance alors qu'il est privé de ses sens et vient au monde en se retirant comme d'un four ardent ; puis l'enfant grandit et vieillit en perdant force et ses sens, peau, sang et chair s'en trouvent meurtris par le temps et l'âge. Puis vient la misère des maladies qui accablent encore plus la condition de l'homme qui se rapproche chaque jour de sa dernière heure.
La misère de la mort de l'humain est partagée autour des proches et des amis, l'homme à l'agonie a l'imagination qui voltige et des images terrifiantes lui remontent à l'esprit, les forces vitales quittent peu à peu le corps, la vie intérieure s'évapore, toute activité intellectuelle est rompue...
Cette anecdote sur le premier sermon (avec la seconde prédication du non-moi) fait aux 5 disciples est plus connue sous l'enseignement du Dharma de Bouddha (dans sa forme longue Dharma tchakra pravartanam ou mise en mouvement de la roue de la loi). À cette époque, le clan de bouddha put convertir une cinquantaine de citadins de Bénarès et le jeune Yasas.
Bouddha Shakyamuni et ses 5 disciples décidèrent d'étendre cette doctrine des 4 nobles vérités pour le reste de sa vie, soit près de 45 ans. Le troisième discours du Bouddha sur la montagne (Gaya) a été fait autour d'une foule de fidèles et de disciples encore plus nombreuses, les 3 frères docteurs de la ville d'Orouvilva et leurs 1000 disciples, les 60 jeunes dépravés de la vie ne pensant qu'aux plaisirs vains. C'est au sommet de la montagne Gaya que Bouddha démontre son pouvoir surnaturel et expose les conséquences sur le feu destructeur des passions.
La foule rassemblée par Bouddha se déplaça alors vers Radjagriha, le roi Bimbisara épaté par les exploits et la majesté de Bouddha lui offrit en hommage une résidence paisible appelée parc appelé le Bois de Bambous avec ses moines. Un riche habitant lui donna aussi un autre parc du nom de Djetavana à Sravasti et une autre résidence donnée par Visakha, le Jardin de l'Est Pourvarama. Une anecdote sur la vie du Bouddha raconte qu'à Sravasti, le roi Prasenadjit ne pouvait croire qu'on pouvait être Arhat (digne en sanskrit) si jeune. À ce roi, Bouddha délivra alors le discours Dahar soutra. De retour dans sa ville natale à Kapilavastou, le Bouddha Shakyamuni fut reçu avec les plus grands honneurs, mais ce dernier au lieu de séjourner au palais du roi Shuddhodana préféra comme résidence le parc du Nyagrodha. Il souleva un tel enthousiasme que même son père donnant l'exemple à son peuple voulait gonfler les rangs de cette nouvelle confrérie autour de l'ancien prince de Lumbini. Nanda, le frère du prince rejoignit cette confrérie avec plusieurs membres de la famille royale.
De Kapilavastou, il revint dans la ville de Rajagriha pour près de quatre années pour se rendre quelque temps dans la résidence du Jardin des manguiers à Vaisali, offerte par la courtisane Amradarika. Après ce parcours, les textes sur Bouddha racontent qu'il rejoint au Ciel sa mère pour lui enseigner sa loi avec quelques autres 33 dieux, puis il revient sur Terre pour poursuivre sa carrière de prêcheur.
En somme sur la totalité de ses prédications, Bouddha ne s'en alla jamais bien loin de l'Inde, avec pour rayonnement de son enseignement Sravasti, Radjagriha, Bénarès, Kosambhi, Vaisali et Kapilavastou. Les autres voyages hors de l'Inde (Tibet, refuge du tigre, Sri Lanka, lac Anavalapta) constituent des fables que les historiens rapportent aux croyances des bouddhistes de ces lieux, Bouddha était assimilé à un être surnaturel dans ces cas.
Dans les dernières années de la vie du Bouddha, il fut frappé par des événements malheureux comme la perte de ses amis, protecteurs et disciples les plus chers. Bouddha alors âgé de 80 ans s'était rendu dans un bois de Sala à proximité de la localité de de Kousanagara. Là, il rendit son dernier souffle auprès du fidèle Ananda. Toutes les anecdotes sur la vie du Bouddha s'accordent à dire que sa mort fait suite à une ingestion de viande malsaine (viande de porc constituant une infraction aux règles établies). Néanmoins, c'est par cette transgression que Bouddha parvint à l'état ultime de béatitude Nirvana (cercle renaître pour mourir et mourir pour renaître indéfiniment). Cet accomplissement se succède par l'inactivité absolue du Nirvana (Parinirvana) signalant cet accomplissement de la dernière existence.
Il est dit que le roi Ashoka fervent du bouddhisme éleva 84 000 bâtiments religieux stupas contenant chacune des reliques du Bouddha Gautama.
En Occident, on commença réellement à découvrir la légende du Bouddha au XIIIe siècle avec les découvertes à Ceylan de Marco Polo : cet explorateur voyait en ce personnage légendaire un fils de roi qui s'était fait ermite. En 1821, Hodgson découvrit les manuscrits du Triple Corbeille et le Lotus de la bonne loi dans des monastères bouddhistes du Népal, lui succédant Eugène Burnouf, qui à son tour consacra 7 années pour décrypter les 64 manuscrits envoyés par l'Anglais Hodgson à la Société asiatique de Paris.