L'histoire du bouddhisme au Népal

L'histoire du bouddhisme au Népal

 Pays aux multiples traditions religieuses, le Népal se singularise par la cohabitation pacifique entre les religions et croyances bouddhisme, hindouisme, islam et animisme. De cette richesse est née une incroyable production artistique, dans la sculpture et l'architecture. Image fascinante, Il arrive fréquemment dans ce pays que les pratiquants bouddhistes louent de divinités hindoues, des temples sont dédiés aux 2 religions.

Histoire du bouddhisme au Népal

 
Dans la culture du Népal, les influences bouddhistes sont fortes. D'après l'histoire du Népal, le prince Siddharta Gautama, futur Bouddha a vu le jour dans le sud du pays à Lumbini, dans le quartier de Rupandehi.

Selon les plus anciennes légendes, l'actuelle vallée de Katmandu était un lac dans lequel le premier des sept Buddha du passé Vipashyin avait jeté une graine de lotus.

Ce lotus germant lentement au milieu des eaux offrit un spectacle de toute beauté : sa taille en grandissant était devenue semblable à une roue de char, le lotus était orné de 10 000 pétales d'or avec des diamants et des perles. Toutes les étamines étaient d'or, pierres précieuses pour le pollen. De la corolle jaillissait alors une flamme lumineuse aussi éblouissante que le soleil qui donna naissance au centre du lac renfermé dans ce lotus au Buddha primordial Adi-Buddha.


Au IIIème siècle avant notre ère, le puissant roi Asoka introduisit le bouddhisme en terres népalaises. L'Inde était unifiée par la dynastie Maurya au début du IVème siècle av. J. –C, Ashoka imposa le bouddhisme à son empire (il fit un pèlerinage à Lumbini et à Kapilavastu et y éleva un pilier gravé en l'honneur de Gautama Sakyamuni).
La vallée de Katmandu siège du royaume indien, est encore à l'époque moderne le lieu qui a conservé la cohabitation entre hindouisme et bouddhisme en parallèle avec un développement culturel et une civilisation pendant deux millénaires. L'empereur Ashoka fonda la cité Patan (Lalitpur) et l'a choisie pour y construire l'un des 4 grands stupas, faisant de Pagan la ville bouddhique la plus ancienne d'Asie (ancienne ville royale située à 6 km au sud de Katmandu).


En 700 av. J. –C, c'est le bouddhisme des Kirati (peuple mongole sino-tibétaine de l'est dont les descendants aujourd'hui sont les Limbu et les Rai) qui s'établit au Népal. Leur foi repose sur 2 divinités suprêmes, Sumnima et Paruhang et sur une multitude de dieux de seconds rangs.
Mais les Licchavi (250 – 750) indo-aryen du sud arrivés vers 300 vont faire décliner la première forme de ce bouddhisme au profit de l'hindouisme. Ces rois affirmaient descendre du père de Rama, Dasharatha de la dynastie solaire d'Ayodhya. Les souverains licchavi sont en très bons termes avec les souverains Indiens, notamment la dynastie indienne des Gupta (IVème-VIème siècle) qui va influencer l'art (le Népal est touché par cette influence dans la seconde moitié du Vème siècle). Les Licchavi mirent fin à la dynastie du dernier roi Kirati et envahirent le nord de l'Inde. Dans la société antique du Népal, ce sont les Licchavi qui vont imposer le système des castes. Le Royaume du Népal est fondé par Jayadeva Ier (Ier siècle de notre ère), le roi Manadeva fut cependant le véritable constructeur de la splendeur Licchavi. La dynastie des Licchavi dura entre 400 et 750 de notre ère dont leur siège est situé à Katmandou (vallée de), capitale actuelle du Népal. Parmi les premiers habitants de la vallée de Katmandou (où temples hindouistes et bouddhistes sont nombreux) figurent les Newars, fortement influencés par la culture indienne. Des stupas imposants à flanc de collines s'imposent dans le paysage à Katmandu, l'architecture partage des similitudes avec des stupas indiens.

 

Au cours des VIIème et VIIIème siècles émerge un renouveau dans les différentes disciplines artistiques, beaucoup plus porté vers l'hindou. Avec un nombre important de chaitya (stupa, sanctuaire) construits dans toute la vallée Katmandu, cependant le bouddhisme demeure très présent. Aux côtés de l'architecture figure la peinture de manuscrits. A cette époque, les tribus tibéto-birmanes du Népal adoptent le bouddhisme tibétain. Au Xème siècle, les Newars conçoivent une forme de bouddhisme influencé par le mahayana et le vajrayana. L'école du Vajrayana au Népal est introduite avec le système Kalacakra/Kalachakra prêché par le moine indien Atisa (la Roue de la Mort ou la Roue du Temps) en route pour le Tibet occidental. Ce système est dérivé du nom de la divinité principale Kalacakra, un Bouddha primordial.


De nombreux groupes bouddhistes sont également influencés par l'Hindouisme. Ils illustrent parfaitement la cohabitation pacifique entre pratique hindouiste et bouddhiste. De petits autels votifs et de petits sanctuaires abritant des statues des divinités voient le jour.

 

Le bouddhisme ancien népalais (à partir du Ier siècle) se compose des branches Theravada d'abord et du Mahayana qui se développe au long du VIIème siècle. La dynastie Thakuri domine de l'an 600 à l'an 1200 mené par des seigneurs Newar, la dynastie Malla du début du XIIIème siècle à la moitié du XVIIIème siècle, tous étaient tolérants envers l'hindouisme, permit au tantrisme himalayen de s'épanouir.
Au XIIIème siècle, la dynastie Malla remplaça la dynastie Takhuri et édifia un empire prospère, faisant envier les Kha d'origine indienne, après des troubles, ce royaume se divisa faisant profiter les Kha de cette faiblesse. En 1750, ils envahirent le royaume Malla et firent du Népal un véritable État hindouiste. Le tantrisme écarte toutes les autres écoles : l'art bouddhique est coupé de ses sources indiennes en raison de la conquête de la plaine du Gange par les musulmans.


Le pays a une forte tradition vieille de plusieurs millénaires, celle de l'hindouisme des divinités Brahma, Vishnu et Shiva. Sur le plan démographique, entre 85 et 87% sont hindouistes.
Shiva est le dieu le plus vénère au Népal, aux côtés des déités Vishnu et Brahma formant la trinité des dieux hindous. Le lingua ou pierre allongée en phallus symbolise Shiva, source de l'énergie créatrice de l'univers. Il est représenté avec la déesse Parvati et le couple divin a pour enfant le dieu à la tête d'éléphant Ganesh.


Dans la tradition ancestrale népalaise, Shiva le dieu suprême se manifeste de différentes manières, ce qui a donné naissance à plusieurs noms : protecteur pacifique Pashupati, effrayant destructeur du mal Bhairab. Son véhicule est le taureau Nandi gardant l'entrée des temples.

Le protecteur du monde est le dieu Vishnu visitant le monde sous des formes humaines ou animales : Narayan (avec pour véhicule Garuda), l'homme-lion Narshing, la tortue Kurma, le berger paisible Krishna, Rama le grand héros du Ramayana. Au Népal, à chaque évènement de la vie correspond toujours une divinité.


Jusqu'au XVème siècle dominent ces représentations divines lors de rituels propitiatoires et conjuratoires.
On raconte que le fondateur du bouddhisme tibétain Guru Rinpoché avait médité à Muktinath en cours de route. Au fil des siècles, le bouddhisme népalais a beaucoup évolué et les populations d'origine tibétaines ont adopté le bouddhisme Nyingmapa et Sakyapa (depuis le XIVème siècle). L'action de la princesse népalaise Bhrikuti en faveur du développement du bouddhisme au Népal, au Tibet et en Extrême-Orient est considérable, mais aussi de grands artistes et sculpteurs népalais (Araniko) ont influencé l'architecture bouddhiste tibétaine. 

Bouddhisme népalais : Népal moderne et déclin de l'art

Entre la fin du XVIIème siècle et la première moitié du XVIIIème siècle, l'art bouddhique connaît une période de déclin. Cette dégénérescence est due à l'instauration des Gurkha dans la vallée de Katmandu et de tout un art avec des ateliers monastiques produisant des statuettes en cuivre doré (contrairement à l'art bouddhique ancien en cuivre, laiton ou résine).

 


L'invasion du Tibet par la Chine en 1959 a poussé de nombreux Tibétains exilés à se réfugier dans la vallée de Katmandou, ce qui influence davantage le courant de pensée et la religion.
Ainsi, cette forme de bouddhisme s'est beaucoup inspirée de la forme tantrique. De même, le bouddhisme et l'hindouisme himalayen ont incorporé dans leurs doctrines des croyances animistes et des pratiques chamanistes de l'ancienne religion bön du Tibet. Certaines populations bouddhistes du haut Himalaya pratiquent des cultes et des rituels animistes, attribuant aux éléments de la nature un pouvoir : ils vénèrent les esprits habitant dans la nature.
Dans le paysage du haut Himalaya népalais, les populations bouddhistes ont hérité d'un riche patrimoine : drapeaux à prières des monastères, gompas à flanc de montagne, chortens, murs de pierres mani avec des inscriptions de mantra.


Au cours de son histoire, le Népal qui n'a alors jamais subi d'influence des Musulmans va changer. C'est ainsi qu'au XIVème siècle, face à l'invasion des Musulmans, beaucoup d'Hindous s'y réfugièrent et fondèrent à côté des nombreux petits royaumes bouddhistes de petites principautés.


Depuis 1920, les bouddhistes fidèles du Theravada ont joué un rôle majeur pour le renouveau bouddhiste au Népal moderne. De simple religion ethnique de certains groupes minoritaires et de castes, le bouddhisme se libère de cette sphère et donne naissance aux trois principales écoles bouddhistes du Népal :

 

  • bouddhisme tibétain
  • Bouddhisme Newar
  • Bouddhisme Theravada.


Le Bouddhisme est la religion dominante des régions faiblement peuplées du nord du Népal, Lopa, Manangi, Thakali, Sherpa, Lhomi, Dolpa et Nyimba.
Au centre du Népal, les groupes ethniques (Tamang, Chepang, Magar, Lepcha, Gurung, Newar, Yakkha) sont aussi adeptes du Bouddhisme. Mais ces populations sont arrivées sous l'influence de l'hindouisme et ont finalement adopté la culture indienne (système des castes). Le Bouddhisme tibétain est adopté par les tribus Kirant (Limbu et Rai), Jirel.


Aujourd'hui, le bouddhisme se pratique dans la vallée de Katmandou et dans certaines régions montagneuses du Népal ; c'est la seconde religion après l'hindouisme. Il n'est toutefois pratiqué que par un dixième de la population. Pays de mélange, depuis 2006, le Népal est un pays laïc.

Dans l'histoire du bouddhisme népalais, le maitre mot est la cohabitation pacifique entre toutes les religions et les aspirations spirituelles. En témoigne le sanctuaire sacré Mukti Kshetra ou Muktinath (situé à 3 760 m d'altitude dans le Mustang) encore largement très fréquenté.

Principalement dédié au dieu hindou Vishnou, il n'est pas rare de voir des moines faire des révérences au bouddhisme. Ce lieu de salut réunit symboliquement les 4 forces de la nature, il fait partie des 108 temples Divya Desams dédiés au dieu Vishnou.

De nos jours outre, les pratiques cultuelles, le tourisme est un puissant facteur de promotion du bouddhisme népalais dans le monde : c'est dans la ville de Katmandou (l'ancienne vallée des royaumes du Népal antique) que se massent plus de 10.000 touristes venus des 4 coins du globe pour découvrir des centaines de monuments bouddhiques, le monument « Boudhanath », les stupas Swayambhunath. Tous ces témoignages d'une architecture significative et remarquable sont propres au Népal.

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